Médicale | •Evaluation des critères cliniques •Possible réorientation / autres préconisations |
Case Manager | •Evaluation motivationnelle •Evaluation de l’adéquation du parcours |
Neuropsychologique | •Evaluation des neurocognitions •Evaluation des cognitions sociales |
Fonctionnelle | •Réalisée par le thérapeute principal •Evaluation sensorielle (prochainement) |
Post-prise en charge | •Nouvelle évaluation neuropsychologique •Permet de vérifier l’efficacité de la prise en charge |
Le C3RP ne réalise pas de bilans neuropsychologiques en dehors des parcours de réhabilitation relevant de nos soins.
Le bilan clinique pré- programme de remédiation
Il est réalisé par le médecin. L’objectif de ce bilan est de préciser la plainte du participant ainsi que d’évaluer la psychopathologie générale. Il est inclus actuellement dans SuiRehab, la cohorte du C3RP (protocole de recherche) et se fait donc principalement via des questionnaires sur ordinateur.
Le bilan neuropsychologique
Il est réalisé par un.e psychologue spécialisé.e en neuropsychologie et est central dans le parcours de réhabilitation.
L’objectif de l’évaluation neuropsychologique est d’objectiver et de préciser les éventuels déficits cognitifs, mais aussi de mettre en exergue les fonctions préservées qui constitueront les ressources et stratégies pré-existantes sur lesquelles le participant pourra s’appuyer pour pallier ses difficultés. Ce bilan est réalisé obligatoirement avant mais également au terme du programme de remédiation cognitive, afin d’objectiver les effets de la prise en charge pour le participant et lui donner des pistes d’entraînement cérébral pour maintenir les acquis et améliorer encore les points restant à travailler.
La durée du bilan est variable, il faut compter, pour chaque dossier :
- Une évaluation des neurocognitions qui dure environ 3h
- Une évaluation des cognitions sociales qui dure environ 3h
- Dans le cas de pathologies génétiques ou métaboliques, pathologies neurologiques ou pathologies organiques rares, le bilan peut être beaucoup plus approfondi.
En pratique, l’évaluation neuropsychologique correspond à la passation de tests afin d’explorer toutes les fonctions cognitives.
- Efficience intellectuelle générale : WAIS IV (9 subtests)
- Attention : test du D2 (TAP si approfondissement)
- Mémoire de travail : mémoire spatiale MEM III, subtest de la WAIS IV : MDC
- Mémoire épisodique : CVLT, BEM 144
- Fonctions exécutives : WCST, figure de Rey, test des commissions modifié ou test du Zoo, TMT A/B, test du Stroop
C’est la batterie ClaCos qui est actuellement utilisée au C3RP (disponible sur Hogrefe) :
- AcSo : auto-questionnaire d’évaluation de la plainte de cognition sociale
- TREF : évaluation des capacités de reconnaissance des émotions faciales
- PerSo : évaluation de la perception et des connaissances sociales
- Test du MASC : évaluation de la théorie de l’esprit
- AIHQ (situations ambiguës) : évaluation des biais attributionnels
- EQ ou QCAE : auto-questionnaire d’empathie
Explication des principales fonctions cognitives évaluées
Aide à la lecture du bilan neuropsychologique
Neurocognition (cognition froide)
Efficience générale / raisonnement | Fait référence aux capacités cognitives du sujet, et inclut raisonnement, planification, résolution de problèmes, apprentissage, pensée abstraite et compréhension. Ces capacités sont mesurées à l’aide d’outils standardisés. |
Vitesse de traitement | Rapidité avec laquelle l’information est traitée par le sujet (vitesse de traitement cognitive) et rapidité d’exécution motrice (vitesse de traitement motrice). |
Attention focalisée | Capacité à pouvoir se concentrer et porter son attention sur une cible sans se laisser distraire par l’environnement alentour (distracteurs). |
Attention soutenue | Capacité à pouvoir maintenir son attention sur une longue durée (au moins 15 min). |
Mémoire immédiate = Mémoire à court-terme et mémoire de travail | La mémoire immédiate est un espace de stockage transitoire, limité en terme de temps (quelques secondes voire minutes) et en terme de quantité. Elle permet de retenir une information afin de s’en servir immédiatement. Lorsqu’il s’agit de réutiliser l’information telle quelle, on parle de mémoire à court terme (e.g. répéter une série de chiffres dans le même ordre, répéter une phrase). Lorsque l’on effectue une manipulation, un traitement sur cette information, alors on va parler de mémoire de travail (e.g. répéter une série de chiffres à l’envers, résoudre une opération de tête ou encore suivre une conversation). |
Mémoire épisodique | La mémoire épisodique est une mémoire dite à long terme qui est contextualisée dans le temps et dans l’espace. Lors du bilan on évalue les mécanismes sous-tendant la mémoire épisodique : l’encodage, le stockage et la récupération spontanée. L’encodage est la capacité à pouvoir enregistrer une information. Le stockage permet de conserver une information qui a été enregistrée. La récupération est la capacité à pouvoir retrouver efficacement une information préalablement enregistrée. |
Fonctions exécutives | Les fonctions exécutives correspondent à un ensemble de fonctions cognitives nous permettant de nous adapter et de répondre efficacement à des situations nouvelles, complexes ou encore non routinières. Parmi les fonctions exécutives, il existe notamment l’inhibition, la flexibilité mentale et la planification. L’inhibition est la capacité à pouvoir mettre de côté une information, une réponse non pertinente ou automatique au profit d’une réponse adéquate. La flexibilité mentale correspond à la capacité à pouvoir s’adapter à des situations imprévues ou nouvelles. La planification est la capacité à pouvoir organiser un certain nombre de tâches dans le temps de manière optimale. |
Fonctions visuo-spatiales et visuo-constructives | Les capacités visuo-spatiales désignent l’ensemble des processus qui permettent d’analyser, de comprendre et de se représenter l’espace (l’environnement) en deux ou trois dimensions. La visuo-construction se réfère à la capacité à organiser des parties afin de produire une forme (e.g. reproduire des dessins, bâtir des objets ou des formes à partir de composantes). |
Cognition sociale (cognition chaude)
Perception émotionnelle | Capacité à inférer des informations émotionnelles à partir d’expressions faciales, posturales ou inflexions vocales. |
Perception d’un contexte social et connaissance des conventions sociales | La perception sociale est la capacité à identifier les règles et les rôles sociaux et à tenir compte du contexte. Cette capacité est liée aux connaissances sociales qui réfèrent aux règles et aux conventions sociales. |
Théorie de l’esprit | Attribution d’un état mental à autrui, ou faculté de comprendre qu’autrui possède des états mentaux différents des siens. Aptitude à faire des inférences correctes sur le contenu de ces états mentaux (e.g. intentions). On peut distinguer la théorie de l’esprit affective, qui se rapporte au processus émotionnels et affectifs, de la théorie de l’esprit cognitive qui se rapporte au processus de pensée et d’intention. |
Style attributionnel | Manière dont une personne explique les causes des événements positifs et négatifs de sa vie. Les biais d’attribution correspondent à des erreurs cognitives dans les attributions causales. |
Empathie | L’empathie est la capacité à se mettre à la place d’une autre personne pour comprendre ses sentiments ou à se faire une idée de la représentation mentale d’une autre personne. |
Le bilan fonctionnel
L’ETCQ (Evaluation des Troubles Cognitifs au Quotidien)
Le bilan fonctionnel est une évaluation subjective de la gêne ressentie par le participant et des répercussions des troubles cognitifs dans son quotidien. Il peut être réalisé par un.e infirmièr.e ou un.e ergothérapeute. Il se matérialise principalement, au C3RP, par la passation de l’ « Evaluation des Troubles Cognitifs au Quotidien » (ETCQ). Cet outil propose des questions centrées sur des situations de vie quotidienne, regroupées sous formes d’items ciblant les différentes fonctions cognitives froides (attention, mémoires, fonctions exécutives, vitesse de traitement, fonctions visio-spatiales).
Cette évaluation subjective présente plusieurs intérêts :
- Mesurer l’impact des troubles cognitifs dans la vie quotidienne du participant
- Permettre au participant de verbaliser ses ressources au quotidien.
- Permettre au participant d’amorcer une analyse des stratégies déjà employées et/ou des ressources sur lesquelles il s’appuie peut-être déjà.
- Définir avec le participant des objectifs cognitifs concrets qui s’inscriront dans un projet de vie (par exemple une reprise d’étude, une intégration en ESAT, plus d’autonomie dans les différentes tâches complexes du quotidien, moins d’assistance aux soins …).
Le temps de passation de l’ETCQ est estimé à 1h30
D’autres outils d’évaluation du quotidien existent comme l’échelle Eladeb (Pomini 1999), et AERES qui évalue la motivation et les ressources du sujet (Pomini 2016)
Le bilan en ergothérapie
L’apport « pratique » du bilan en ergothérapie permet de compléter les informations « théoriques » apportées par le bilan neuropsychologique. En effet, alors que le bilan neuropsychologique met en évidence des difficultés cognitives face à des exercices standardisés, dans le bureau du professionnel, le bilan en ergothérapie s’attache à mettre en évidence des difficultés concrètes auxquelles le participant est confronté dans son quotidien. L’évaluation ergothérapique se fait donc en milieu écologique, en accompagnant le participant dans des tâches imposées similaires à la réalité et en observant les stratégies de coping, les ressources utilisées et les difficultés qui apparaissent au décours.
Les principales évaluations utilisées sont :
- le TEMS, Test des Errances Multiples pour les patients souffrant de Schizophrénie de Shallice et Burgess (1991),
- le KTA, Kitchen Test Assesment de Baum et Edwards (1993),
- l’EF2E, Évaluation des Fonctions Exécutives en Ergothérapie de Chevignard et al (2000)
Ces évaluations s’entendent toujours en association avec le bilan neuropsychologique, elles sont pourvoyeuses d’éléments précieux pour la prise en charge.
Le temps d’évaluation est d’environ 1h30 et la rédaction du compte-rendu nécessite environ 1h.
Il existe un effet test-retest pour ces évaluations ergothérapiques.
Synthèse multidisciplinaire
Au terme de ce bilan médical, neuropsychologique et fonctionnel, le dossier est évoqué en réunion d’équipe hebdomadaire. Une décision collégiale est prise sur le type de programme qui sera proposé, dans le cadre d’un parcours cohérent et discuté en amont avec le participant.
La restitution du bilan
A l’issue du bilan et de la synthèse multidisciplinaire, la restitution faite au participant est un moment clé.
Elle dure environ une heure et se fait idéalement avec la.le neuropsychologue et l’infirmièr.e ou l’ergothérapeute ayant réalisé le bilan, ainsi que la.le thérapeute prévu pour la remédiation. Elle permet au participant de connaître mieux ses compétences, ses points forts et ses faiblesses, de faire le lien avec la gêne ressentie au quotidien et de finaliser ses objectifs.
Afin de clarifier les informations communiquées lors de cette restitution, l’équipe du C3RP a créé un tableau récapitulatif simplifié permettant au participant de visualiser de manière synthétique son profil neurocognitif. Ce tableau est présenté à titre d’exemple comme suit :
Principales ressources | Principales difficultés |
– Capacités de raisonnement – Niveau d’éducation – Mémoire à long-terme +++ – Mémoire de travail – Rigueur et application pour réaliser une tâche | – Manque de planification et de flexibilité pour réaliser une tâche nouvelle – Difficultés à maintenir l’attention sur le long-terme (effort ++ è fatigabilité) – Anxiété |
Ce tableau est remis au participant, qui le gardera avec lui tout au long du processus de remédiation cognitive.
Si une prise en charge spécifique autre que la remédiation cognitive apparaît lors du bilan nécessaire et prioritaire dans le projet de soin (prise en charge en remédiation cognitive groupale ou individuelle, prise en charge en TCC, éducation thérapeutique, etc) elle est alors explicitée et des contacts sont donnés.
La restitution des résultats pourra également être proposée aux aidants que le sujet aura désigné et/ou à ses parents s’il est mineur.
Une restitution écrite est envoyée au patient ainsi qu’au médecin adresseur, au médecin traitant et aux partenaires médico-sociaux.