Ethique et réhabilitation psychosociale Pr Sami Richa

Ethique et réhabilitation psycho-sociale

Le professeur de psychiatrie Sami RICHA présente à l’occasion de la journée C3RP 2022, l’Ethique et la réhabilitation psycho-sociale.

    (3) Pourquoi de l’éthique en psychiatrie ?

    • Admissions sans consentement
    • Etiologies et prises en charge longtemps non avérées scientifiquement
    • Psychochirurgie
    • Confusion entre maladie et personne
    • Psychothérapies
    • Autisme

      Notre discipline est faite de questionnements, d’interrogations, ce qui est le propre de l’éthique.

      (5) PLAN

      • Introduction
      • Chapitre 1 – Éthique du lien
      • Chapitre 2 – L’information du malade en psychiatrie
      • Chapitre 3 – Contention et isolement en psychiatrie
      • Chapitre 4 –  Stigmatisation et droits des malades en psychiatrie
      • Chapitre 5 – Éthique et recherche en psychiatrie
      • Chapitre 6 – Confidentialité et secret professionnel
      • Chapitre 7 – Éthique et réhabilitation psychosociale
      • Chapitre 8 – Éthique et génétique en psychiatrie
      • Chapitre 9 – Éthique et handicap
      • Chapitre 10 – Éthique et addictologie
      • Chapitre 11 – Éthique et psychothérapie
      • Chapitre 12 – Éthique et démences
      • Chapitre 13 – Éthique et stimulations cérébrales
      • Conclusion

      (6) Pourquoi de l’Ethique en psychiatrie ?

      La visée d’une vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes

      Paul Ricœur

      (7) PLAN

      • Qu’est ce que la réhabilitation psychosociale?
      • Principes éthiques
      • Le Code d’éthique de la WPA
      • Que faisons-nous dans notre service ?
      • Conclusion

      (8-10) QU’EST-CE QUE LA REHABILITATION PSYCHO-SOCIALE?

      (10) Amado I., 2021

      • Les thérapies psychosociales complètent la pharmacothérapie en psychiatrie et répondent à la complexité des besoins d’un individu.
      • Elles sont proposées après une évaluation multidisciplinaire, et déclinées dès la phase aiguë en un parcours de soin personnalisé qui mène vers l’inclusion sociale et le rétablissement.
      • La remédiation cognitive (RC) en est une illustration, s’appuyant sur les points forts et les faiblesses cognitives d’une personne ayant un handicap psychique, apportant des stratégies destinées à améliorer la cognition, à acquérir autonomie ainsi qu’insertion sociale et professionnelle.
      • Les programmes de RC sont choisis d’après le profil cognitif du patient et fonction de son projet de réhabilitation, après une évaluation clinique, neuropsychologique et fonctionnelle. Y sont éventuellement adjoints des techniques de transfert au quotidien pour des personnes à faible autonomie.
      • Les thérapies psychosociales sont dispensées par des soignants formés auxquels s’adjoignent aux équipes de nouveaux métiers du soin : job coach pour l’emploi accompagné en milieu ordinaire, case manager pour coordonner parcours de vie et de soin de la personne dans son environnement.
      • A long terme, et plusieurs années après une RC personnalisée et envisagée dans un parcours de réhabilitation, notre équipe constate une meilleure insertion professionnelle ainsi que plus de retour aux études, un taux moindre de rechutes et plus de déterminants du rétablissement, à savoir plus de pratique d’activité physique ou de loisirs, avec un ressenti positif de cette période pour les patients.
      • En France, la promotion récente de ces thérapies psychosociales par nos tutelles devrait permettre une couverture de proximité sur l’ensemble du territoire national pour une psychiatrie plus éthique et plus humaniste.

      (11-27) PRINCIPES ETHIQUES

      (12) Principes d’une méthode thérapeutique

      Toute méthode doit impérativement faire l’objet d’une évaluation scientifique rigoureuse, objective et comparative, qu’il s’agisse de médicament, de psychothérapie, de méthode éducative, rééducative, de traitement dit « institutionnel », ou leur association.

      Les résultats des évaluations doivent être régulièrement publiés afin que les patients et les professionnels disposent de points de repère objectifs pour les choix qu’ils doivent rester libres de faire.

      1979, Beauchamp et Childress

      • Autonomie
      • Bienfaisance
      • Non-Malfaisance
      • Justice

      (14) A- L’autonomie

      L’autonomie se reconfigure au chevet du patient, en dialogue étroit avec les soignants. Tout respect de la volonté du malade se fait au cas par cas. Ce faisant, l’une des qualités essentielles chez le soignant est une intelligence en situation, c.a.d. une intelligence dans laquelle sont impliquées des qualités humaines telles que l’intuition, l’écoute de l’autre mais aussi l’expérience

      Corinne Pelluchon,
      L’autonomie brisée, Bioéthique et philosophie, PUF, 2009.

      (15) L’Autonomie

      Rehabilitation is likely to be more effective if it aims at a combination of independence, autonomy and social engagement, in service of the goal of a good quality of life.

      (16) L’ Autonomie dans la RPS

      • La croyance à la richesse de chaque personne;
      • La foi en sa capacité de changement, d’adaptation et de croissance personnelle;
      • Le fait que la personne est le principal acteur de ce changement
      • Le rétablissement s’appuie donc sur une vision optimiste de la personne.
      • Il exige de parier sur cette personne à qui l’on fait confiance : elle dispose de ressources cachées, elle a une voix unique qui peut et doit trouver sa place dans le concert social.

      (17-21) B- BIENFAISANCE

      SST demonstrates a magnitude of effect for negative symptoms similar to those commonly reported for cognitive-behavioral therapy (CBT) for positive symptoms

      (22-24) C- NON-MALFAISANCE

      (23) Les dangers de l’autonomie

      La recherche constante du fragile équilibre entre autonomie et devoir de protection; remise du pouvoir et respect des limites de la personne; soutien et encadrement.

      Il faut également reconnaître le sentiment d’impuissance, l’expérience de la limite, la conscience de la fragilité donnés en partage indifféremment des rôles dans les soins : malade, membre de famille, professionnels.

      C’est cette humanité commune qui rend possible l’alliance au sein de laquelle l’espoir peut naître. A terme, l’intégration citoyenne.

      Éthique en établissement et éthique du rétablissement, Didier Caenepeel, Bernard Keating et Marie-Luce Quintal, Le partenaire, 2011.

      (24) Le danger des professionnels

       Le sujet doit être réellement non seulement acteur, mais également et surtout auteur de son projet de vie, et il doit pouvoir, progressivement et à son rythme, commencer à se réapproprier sa vie – nous ne connaissons malheureusement que trop bien cette perversité, au sens clinique du terme, de certains professionnels qui consiste à faire croire à quelqu’un qu’il est acteur de son projet alors que c’est un leurre et que, in fine, il ne l’est pas du tout.

      Cela pourrait être assimilable à certains discours, à peine voilés, politiciens, qui nous signifient : « Exprimez- vous, dites ce que vous avez à dire, nous n’en tiendrons pas compte et nous continuerons à faire comme cela nous chante, tout en vous faisant croire que l’on vous écoute.

      La réhabilitation psychosociale, Hervé Boyer, VST, 2011

      (25-27) D- JUSTICE

      • Egalité d’accès aux soins

      As withother psychosocial interventions, availability of social skills training is a commonbarrier to its incorporation intotreatment.

      However, information about social skills training isavailable for organizationsthatwish to developsuch programs (Bellack and Goldberg 2019; Bellack et al. 2004; Granholm et al. 2016).

      APA, 2020
      • Ethique de la compétence !
      • Se former
      • Trouver les moyens

      (28-29) 3- Code d’Ethique de la WPA, Octobre 2020

      The Code is organized into four sections, dealing respectively with :

      • Clinical practice of psychiatry,
      • Psychiatric education
      • Psychiatric research,
      • Participation of psychiatrists in the promotion of public health and public mental health.

      Within each section, the Code identifies the operative ethical principles and describes major applications.

      Recognizing that many persons with psychiatric disorders can benefit from active engagement in rehabilitative services, psychiatrists promote the development and availability of such services

      (30-35) 4- QUE FAISONS-NOUS DANS NOTRE SERVICE?

      (36-37) CONCLUSION

      L’évolution du cours de la schizophrénie a donné lieu, dès les premières descriptions du trouble, à de multiples controverses au sein de la communauté scientifique.

      Alors que Kraepelin (1899) parlait de « démence précoce » pour souligner l’aspect inéluctable de la détérioration engendrée par ce trouble, Bleuler (1911) s’opposa à cette conception déficitaire en soulignant l’hétérogénéité évolutive de la schizophrénie.

      En France, Henri Ey ira plus loin dans cette opposition conceptuelle, en évoquant la rémission comme étant l’un des destins possibles de l’évolution du trouble : « il n’est pas vrai que la schizophrénie soit installée fatalement dans l’individu ni comme une loi génotypique de son destin, ni comme un virus inexpugnable ni comme une lésion irréversible ; elle est bien plutôt une “forme de réaction” qui dans chaque individu met en jeu toutes les forces et les faiblesses de son être psychique […] s’il arrive que le processus s’arrête ou que le malade en triomphe, on parle de “rémissions” » (Ey, 1955).

      (38) POUR LES PROFESSIONNELS

      • L’évolution déficitaire n’est pas inéluctable
      • Pour cela, il faut y croire
      • Mobiliser ses ressources
      • Cela devient une exigence éthique dans notre discipline!

      C’est peut-être là l’épreuve suprême de la sollicitude, que l’inégalité de puissance vienne à être compensée par une authentique réciprocité dans l’échange.

      Paul Ricœur

      … se joue alors quelque chose du plus essentiel du mystère de l’humanité de l’humain : une personne en état de besoin se remet en toute confiance à la capacité de sollicitude d’un de ses semblables, en appelant à cette sollicitude pour qu’elle mette sa compétence professionnelle au service de la promotion des meilleures conditions pour son existence. Dans cette relation, où l’un est convoqué à la sollicitude par la fragilité de l’autre, c’est le lien d’humanité essentiel qui est sans cesse réinventé, restauré, promu au maximum possible de sa grandeur…

      Cadore B., La médecine comme médiation d’une alliance d’humanité
      Médecine de l’Homme, no 236, Juillet-Août 1998.

      FILM