les inteventions sur la remédiation cognitive et la réhabilitation psychosociale au congrés CPNLF
Au congrès CPNLF (juin 2019) au Liban, une session est consacrée à la Remédiation cognitive elle est présidée par Isabelle Amado (C3RP, Paris) et Rima Abi Saleh (Beyrouth, Liban).
( source : https://cpnlf.fr/ )
Jamais sans ma famille !
par Dominique Willard (C3RP, Paris)
Objectifs pédagogiques
- Intérêt de l’intervention auprès des familles
- La psychoéducation familiale, qu’est ce que c’est ?
- Programme de psychoéducation Profamille
Une des pathologies importantes que prend en charge la psychiatrie publique est la schizophrénie qui occupe environ un tiers des lits et qui a un impact économique et sociétal significatif, avec des prises en charges qui sont loin d’être optimales.
Une littérature scientifique abondante a montré que la psychoéducation des familles est une intervention très efficace dans la schizophrénie qu’elle réduit d’un facteur 2 le nombre de ré-hospitalisations, soit autant que le traitement médicamenteux, la conjugaison des deux approches la réduisant d’un facteur 4.
En France depuis les années 2000 le retard en termes de psychoéducation des familles a commencé à être rattrapé avec le programme Profamille, qui est offert sur le territoire national par une soixantaine d’équipes. Il s’agit d’un programme qui a été co-construit par des familles militantes et des professionnels de santé mentale militants. Profamille est le seul programme psychoéducatif qui pratique une évaluation continue et systématique de ses résultats sur des critères représentant des enjeux fondamentaux de santé publique.
Un des objectifs du programme Profamille est de redévelopper chez les participants une capacité et une motivation à agir dans plusieurs domaines : par rapport à leur proche, par rapport à leur propre confort et leur vie personnelle, par rapport à la société.
Plus de la moitié des participants au programme Profamille ont des troubles dépressifs qui atteignent un niveau clinique prédisant une mortalité doublée et une détérioration des fonctions cognitives. Le programme montre une efficacité sur l’amélioration de l’humeur des familles,sur la réduction du nombre de jours d’hospitalisation du malade et du nombre de jours d’arrêt de travail des familles. Moins la psychiatrie a de moyens, plus les familles prennent le relais par défaut. Plus les familles prennent le relais, plus il est urgent de les former avec des programmes efficaces
Adaptation à l’enfant de la CRT : l’expérience tunisienne
Asma Bouden (Manouba, Tunisie)
Objectifs pédagogiques
- Souligner l’intérêt de la CRT et ses bénéfices dans la prise en charge des dysfonctionnements cognitifs dans la pathologie psychiatrique.
- Expliquer l’intérêt de l’adaptation de l’outil à l’enfant et ses portées thérapeutiques.
- Montrer les travaux de validation de cet outils dans le trouble déficit de l’attention/hyperactivité, le trouble du spectre de l’autisme et les troubles spécifiques des apprentissages.
La thérapie par remédiation cognitive est une méthode papier-crayon utilisée pour la première fois en psychiatrie afin 84 d’améliorer les fonctions cognitives de patients adultes souffrant de schizophrénie.
Son champs d’indication s’est étendu à l’enfant depuis une dizaine d’années à partir de la réflexion d’un groupe de chercheurs tunisiens (équipe du Pr.A. Bouden, Service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Razi) qui a adapté l’outil à cette population et validé son efficacité dans de nombreuses populations cliniques : le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité (Hamza et al, 2018), le Trouble du spectre de l’autisme (Hajri et al, 2017) et le Trouble spécifique des apprentissages (Boudeli et al, 2019).
Cette technique avait pour objectif d’améliorer chez ces patients, les fonctions neuro-cognitives défaillantes dans le domaine de la mémoire, l’attention, la flexibilité et la planification. A l’origine, la CRT (Cognitive Remediation Therapy) a été créé par Delahunty et Morice en 1993 pour prendre en charge les séquelles cognitives des patients cérébro-lésés. Puis en 2002, Wykes et Reeder ont développé et validé l’outil pour des patients schizophrènes. A partir de 2008 et après la parution de la version française (Franck, Amado et al), la technique a été largement diffusée en France dans de nombreuses indications.
Cette thérapie constitue un gold standard pour les raisons suivantes:
- Elle offre à l’enfant un étayage suffisamment bon pour le guider progressivement vers l’autonomie, l’individuation, l’adaptation et la réhabilitation psycho-sociale.
- Elle s’adapte à ses besoins à travers une prise en charge personnalisée de ses déficits, évalués au préalable par un bilan neuropsychologique.
- Elle permet un transfert à la vie quotidienne (familiale, scolaire et ludique) de tous les acquis obtenus au terme des séances. Cette capacité de généralisation est garante de l’amélioration du fonctionnement du sujet.
- Elle permet des résultats rapides et notables car son efficacité repose sur le phénomène de la plasticité cérébrale, particulièrement opérant chez l’enfant. – Elle est accessible à tous les professionnels de la santé mentale de l’enfant : médecins, psychologues, infirmiers, éducateurs spécialisés, orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, etc.
Dimension culturelle de l’évaluation neuropsychologique
Pierre Abdel Ahad (Paris)
Objectifs pédagogiques
- Comprendre les facteurs socioculturels pouvant influencer l’évaluation neuropsychologique.
- Connaître les recommandations méthodologiques pour l’élaboration ou l’adaptation de tests neuropsychologiques tenant compte de la dimension culturelle.
L’évaluation neuropsychologique permet d’évaluer finement le fonctionnement cognitif, comportemental, émotionnel et social afin d’aider au diagnostic, de proposer une prise en charge adaptée et d’évaluer l’évolution d’une maladie et l’efficacité d’un traitement proposé à travers des évaluations répétées.
A moins de se contenter d’une appréciation clinique qualitative, cette évaluation nécessite des outils de qualité, fiables, précis, valides et standardisés, ayant des caractéristiques psychométriques solides, sensibles à la dimension linguistique et socio-culturelle du patient et administrés par des spécialistes formés.
Le développement et l’implantation de la neuropsychologie vont de pair avec l’élaboration ou l’adaptation de tests pour des groupes socio-culturels bien définis, partageant des facteurs démographiques similaires.
Cette tâche devient encore plus complexe lorsqu’il existe des disparités importantes entre les différents sous-groupes d’une société,tant linguistiques, économiques, éducatives que culturelles, invitant à multiplier les normes de référence et soulevant de ce fait – quant à la mesure des capacités cognitives et des normes établies – des questions éthiques, anthropologiques, voire politiques.
- Quels sont les facteurs qui sous-tendent la disparité des scores entre différents groupes socio-culturels ?
- Quelle serait la méthodologie à suivre afin de créer ou d’adapter un test neuropsychologique pour que l’évaluation soit sensible à la dimension culturelle du patient ?
- Quelles sont les limites de l’évaluation neuropsychologique lorsque des tests sont utilisés sans tenir compte des caractéristiques de l’échantillon ayant permis l’élaboration des normes de référence ?
Nous tenterons de répondre à ces questions à la lumière des recommandations et des standards des sociétés savantes et des données de la littérature, en soulignant la complexité de la tâche et la nécessité d’une collaboration entre neuropsychologues, médecins, psychométriciens, linguistes, épidémiologistes, voire sociologues et anthropologues.
Notons aussi l’intervention de Sophie Cervello (Lyon) :
Etude PAiR, Pair-Aidance en Réhabilitation psychosociale : contextualisation et étude qualitative auprès des professionnels et usagers de quatre centres de réhabilitation psychosociale
Téléchargez le programme complet du congrès CPLNF 2019 ⇒
Programme Profamille, association PromesseS et baromètre de la schizophrénie
Remédiation cognitive en Tunisie – adolescents et adultes